santé mentale

« Je croyais avoir des problèmes cardiaques »

« Lors de mes premières crises, je me rendais aux urgences, je croyais avoir des problèmes cardiaques. J’avais un point au sternum, j’étais incapable de manger, de dormir, de marcher. À l’hôpital, on me disait de me calmer. J’étais anxieuse devant la surcharge de travail, devant la pression à la performance – dans ma technique, on donnait des prix aux étudiants les plus performants – et en raison de mon travail. J’avais deux emplois en même temps, j’habitais en appartement. Depuis que j’ai terminé mes cours, ça va mieux. Je dors bien, ça ne m’était pas arrivé depuis des années. »

— Julie Richard, finissante en techniques de design d’intérieur au cégep Marie-Victorin

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« Trop de pression »

« Il y a deux semaines, j’étais tellement stressée que j’ai failli tout laisser tomber. C’est la fin de session et j’ai de gros travaux à remettre : c’était trop de pression. Je suis restée clouée au lit pendant une semaine, je n’en sortais que pour aller à mes cours. Après ma première crise d’angoisse, au cégep, j’ai reçu un diagnostic de troubles anxieux. Je vivais le deuil de mon père, j’ai appris que je faisais de la dyslexie et de la dysorthographie. J’ai joint le groupe d’entraide GEME. Chaque semaine, on pratique la respiration, on parle de stratégies, on échange. »

— Valérie Ciccone, 21 ans, techniques d’éducation à l’enfance, cégep Marie-Victorin

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« Je dois m’endormir avec le son de la télévision »

« Au primaire, j’ai reçu un diagnostic de trouble d’anxiété généralisée. Depuis mon entrée au cégep, l’anxiété tourne autour de la performance, de mes notes. Si je ne comprends pas la matière, quand les travaux s’accumulent ou lors d’examens, il m’arrive d’avoir des palpitations, je transpire, je vois tout en noir et je pleure. C’est pire le soir, je dois m’endormir avec le son de la télévision. Le cégep est un milieu anxiogène, on est responsables de nos démarches, plus autonomes. J’arrive 15 minutes plus tôt à mes cours de crainte d’être en retard. J’ai développé des trucs, je fais mes devoirs au fur et à mesure et je suis suivie au SAIDE, ça m’aide à me calmer. » 

— Maude Landry-Bélanger, 21 ans, techniques de bureautique, collège Lionel-Groulx

santé mentale

« Je perds totalement le contrôle »

« Quand je fais une crise, je sens une barre de métal qui presse ma poitrine. Si je ne me parle pas, je perds totalement le contrôle, j’ai l’impression d’étouffer et je deviens tout en sueur. J’ai vécu le divorce récent de mes parents, le cancer de ma mère et je fais mon entrée au cégep. Depuis que je suis de retour sur les bancs d’école, mon anxiété est plus marquée. J’ai contacté l’organisme Revivre parce que je ne savais plus comment contrôler mon anxiété, je voulais me suicider. »

— Sophia Perez, 26 ans 

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« Un défi »

« Lors d’un stage en hôpital, j’ai fait un burn-out en raison de l’anxiété. J’avais peur de ne pas être à la hauteur, peur de l’imprévu, peur de faire des erreurs fatales. En classe, on apprend beaucoup en peu de temps et on doit mettre en pratique ces apprentissages. Le cégep est un moment anxiogène, on a de plus en plus de responsabilités et, pour la première fois, on réalise que nos études ont un lien direct avec une possibilité d’emploi. Après une visite aux urgences de l’hôpital Douglas, j’ai appris à gérer mon anxiété, à contrôler ma respiration, à améliorer mon hygiène de vie. Je vois désormais mon anxiété comme un défi, non plus comme un obstacle. »

— Anick (prénom fictif), techniques en soins infirmiers

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« Mon ombre »

« Lors de ma première crise d’angoisse, je n’étais plus capable de respirer, j’avais envie de vomir. J’ai été malade pendant un mois. J’appelle mon anxiété “mon ombre”. C’est ce qui me ralentit, j’ai l’impression qu’elle me tire toujours vers l’arrière. Avant de connaître les services d’aide au cégep, j’ai coulé deux cours. Désormais, je fais mes examens seule avec un casque d’écoute. Je suis capable de faire mes exposés oraux en classe à certaines conditions. Certains croient à tort que j’ai des privilèges, ils ne comprennent pas à quel point l’anxiété peut être handicapante. »

— Geneviève Fortin-Blanchard, 19 ans, sciences humaines, collège de Bois-de-Boulogne

SANTÉ MENTALE

« Je peux faire un black-out »

« J’ai commencé à souffrir de migraines en période d’examens. Quand ça survient, je dois rester au lit toute la journée. Je deviens très irritable. En fin de session, quand tout arrive en même temps, je vis beaucoup d’anxiété. Je travaille trois jours par semaine, ça ajoute de la pression. Devant une copie d’examen, je peux faire un black-out, je ne me souviens de rien. Je fais une obsession de ma cote R. J’étudie tellement que je ne prends pas le temps de manger, d’aller aux toilettes, de dormir. »

— Jessica Bonilla, 21 ans, administration, collège Montmorency

Témoignages

Perte de contrôle, surmenage, crise d'angoisse : les conséquences de l'anxiété sont nombreuses.

— Propos recueillis par Sophie Allard

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